Au cours des dernières décennies, l’industrie des fonds communs de placement a connu un essor considérable ce qui a favorisé une plus grande diversité des fonds offerts via une plus grande spécialisation des styles d’investissement. Le style d’investissement d’un fonds commun révèle généralement le type d’actifs détenus ainsi que les risques auxquels s’expose l’investisseur (par exemple, fonds de grandes ou de petites capitalisations, de croissance ou de valeur, de stratégies d’investissement par secteurs, etc.).
Certaines études dont diBartolomeo et Witkowski (1997) et Brown et Goetzmann (1997) suggèrent toutefois que près de 40% des fonds américains présentent un style d’investissement qui ne correspond ni aux actifs détenus ni aux risques encourus, ce qui signifie que les investisseurs sont souvent mal informés sur leur placement.
Une solution pour évaluer adéquatement les styles d’investissements des fonds consiste à appliquer l’analyse des styles basée sur les rendements historiques des fonds telle que proposée par Sharpe (1992) [Return Based Style Analysis (RBSA)]. En s’appuyant sur une régression multiple, les coefficients estimés mesurent alors les pondérations du fonds attribués aux différents styles.
Afin d’améliorer l’évaluation de ces styles, nous proposons d’adapter l’approche de Sharpe (1992) par l’application d’un modèle conditionnel à la Ferson et Schadt (1996). Cette approche conditionnelle permet de mesurer les pondérations des styles d’investissement en tenant compte qu’elles évoluent temporellement selon le contexte économique et financier. Les tableaux ci-dessous permettent de comparer la précision de l’évaluation des styles entre le modèle inconditionnel à la Sharpe (1992), largement utilisé en pratique, et un modèle conditionnel qui mesure explicitement le style selon l’évolution d’un taux d’intérêt à court terme, de la pente de la structure à terme des taux d’intérêt et du risque de crédit.
Sources des données : Site de Kenneth French, dont l’information financière sur les styles d’investissement est décalée de six mois.